Lockheed Martin réalise des tests de son laser antimissile ADAM.

Pendant longtemps les armes laser ont alimentées les romans et les films de science-fiction et il faut dire que disposer d’un tel concentré d’énergie peut forcément s’avérer intéressant pour certaines applications dans le domaine de la défense. L’idée d’utiliser un faisceau cohérent de lumière pour détruire ou du moins endommager une cible  n’est pas nouvelle, il y a eu en effet de nombreux projets allant dans ce sens, un des plus avancés et des plus récent etant celui de l’US Air Force, le Boeing YAL-1 Airbone Laser (ABL). Il s’agissait d’installer sur le nez d’un Boeing 747 un laser chimique d’une puissance d’1 MW (environ 1 milliard de fois plus puissant qu’un petit laser disponible dans le commerce pour grand public) qui détruirait des missiles jusqu’à une distance de 100 km, voir plus. Malgré plusieurs réussites (photo d’un tir laser depuis l’avion), le programme a été arrêté en 2011 après une dizaine d’années de recherches, officiellement pour cause de réduction de budget. Aujourd’hui d’autres projets sont en cours et c’est à celui du géant de la défense, Lockheed Martin, que l’on va s’intéresser. ADAM, c’est son nom (pour Area Defense Anti-Munitions), est un système laser transportable capable d’intercepter des missiles et des drones. D’une puissance de 10 kW il est nettement moins puissant que l’ABL et sa portée n’est que de 2km mais sa mobilité et surtout son coût réduit le rende très intéressant pour la protection urgente de sites sensibles, entre autres. Sur la vidéo ci-dessus on peut voir ADAM à l’oeuvre lors d’un essai sur une roquette de type Qasssam (roquette fabriquée dans la bande de Gaza). Le système est entièrement autonome une fois qu’il à reçu l’ordre d’éliminer la cible: il la détecte, la cible et la détruit en quelques secondes. Sur cette vidéo datant de l’année dernière on peut voir un autre essai mais lors duquel la trajectoire de la roquette était prédéterminée et connue par ADAM. Les progrès accomplis sont donc impressionnants. Il n’est pas prévu pour l’instant de date de mise en service de ce système de défense mais les progrès devraient continuer.

Le système ADAM avec sa plateforme de transport.
Le système ADAM avec sa plateforme de transport.

Le X-51 atteint Mach 5.1 grâce à son superstatoréacteur.

La quatrième aura finalement été la bonne.En effet, le X-51A « WaveRider » a reussi pour la première fois le 1er mai dernier un vol complet au cours duquel il a atteint la Mach 5.1 (6,240 km/h). Le vol a duré au total 6 minutes dont 3,5 minutes propulsé par le scramjet (nom anglais du superstatoréacteur, système propulsif dans lequel la combustion s’effectue à des vitesses supersoniques). L’engin hypersonique construit par Boeing pour l’US Air Force établi donc un nouveau record pour ce type de vol. Pour réaliser cet essai, le X-51 est d’abord attaché sous l’aile d’un bombardier B-52 qui l l’emmène à une altitude de 15km pour ensuite le larguer (de manière similaire au système suborbital de Virgin Galactic). Une fois libre, le WaveRider est accéléré par un propulseur solide issu d’un missile (le MGM-140 ATACMS) jusqu’à approximativement Mach 4.5, vitesse à laquelle le superstato SJY61 de Pratt & Whitney Rocketdyne est enclenché jusqu’à Mach 5.1. Ce dernier vol programmé dans ce projet devrait servir de base à de futures initiatives dans le domaine de l’hypersonique bien que depuis l’abandon du projet Falcon/Blackswift il n’y ai plus de réel finalité au X-51A « WaveRider ».

X-51A
Le X-51A WaveRider accroché sous l’aile d’un B-52

Les vidéos de la semaine.

On a déjà parlé de l’entreprise Boston Dynamics et de ses incroyables robots et la vidéo ci-dessus montre les dernières avancées réalisées sur leur projet BigDog. Pour rappel, ce quadrupède possédant une très grande stabilité est destiné à des applications militaires (en fait une version plus récente nommée LS3, BigDog est un projet de recherche). Il servira à transporter du matériel lors des missions pour soulager les soldats. Dans la vidéo on peut voir que les ingénieurs de Boston Dynamics ont ajouté un quatrième membre capable de saisir des objets et de les balancer plus loin. L’utilité d’un tel « bras » réside dans le fait qu’en terrain naturel, le robot sera amené à rencontrer de nombreux obstacles et il pourra s’avérer intéressant de les écarter plutôt que de les contourner. On attend rapidement d’autres vidéos pour voir BigDog en action dans diverses situations.

Sur la vidéos ci-dessus on peut voir le dernier essai en date du Phantom Eye de Boeing. Le Phantom Eye est un prototype de drone de type HALE (Haute Altitude, Longue Endurance) en cours de développement. Propulsé à l’hydrogène, il est conçu pour mener des missions d’intelligence, de surveillance, et de reconnaissance (ISR). Le vol, qui a eu lieu le 25 février, a duré 66 minutes et le drone a atteint une altitude de plus de 2.4 km et une vitesse de 114 km/h.

Enfin, deux petites vidéos de robots pour finir, la première ci-dessus dévoile l’aide que peut apporter les bras robotique compatible avec la présence humaine aux handicapés. C’est une startup canadienne, Kinova, qui est à l’origine de ce produit d’ores et déjà  commercialisé. La vidéo ci-dessous nous montre les performances des robots serpents de l’université Carnégie Mellon, aux USA. Ces robots sont envisagés pour de multiples applications qui vont de la recherche de survivants après une catastrophe à la surveillance des infrastructures difficiles d’accès en passant par l’espionnage et la recherche de renseignements militaires.

Les drones de combat, l’avenir des forces aériennes ?

La question mérite d’être posée: le nombre croissant de drones, y compris armés, va-t-il remettre en cause l’intérêt des avions de chasses pilotés ? Le drone X-47B, filmé ci-dessus pour son premier décollage en simulation de catapultage depuis un porte-avions, présente déjà un degré d’évolution suffisamment élevé pour remplacer plusieurs missions auparavant attribuées à des avions habités. Son premier vol a eu lieu en février 2011 et l’engin est le résultat d’un programme commencé en 2000 par la DARPA et poursuivi par l’US Navy depuis 2006. Ce drone de combat (en anglais UCAV : Unmanned Combat Air Vehicle) est destiné à des missions menées depuis les porte-avions de la Navy pour du renseignement, de la guerre électronique mais surtout des frappes en profondeur rendues possibles grâce à la furtivité de cette aile-volante et à sa soute pouvant contenir 2 tonnes d’armements. Le X-47B est construit par l’entreprise Northrop Grumman déjà experte dans ce genre d’aéronef puisqu’elle est à l’origine du bombardier B-2 Spirit. Les premières manœuvres sur porte-avions ont eu lieu en novembre dernier et le premier décollage devrait survenir cette année. Il n’y a pas encore à ce jour de date précise pour une éventuelle mise en service au sein de la Navy.

x47b

Boeing possède aussi son propre programme de drone de combat, bien que non soutenu par l’armée US, il permet à l’entreprise de rester dans la course pour un potentiel futur gigantesque contrat. Ce drone, nommé Phantom Ray, est très semblable au X-47B bien qu’il ne soit pas destiné à une utilisation depuis un porte-avions. Son premier vol a eu lieu en avril 2011 (en vidéo ici). Sa vitesse de croisière est a mach 0.8 (celle du X-47B est a mach 0.45). L’autre grand géant de la défense US, Lockheed Martin, a lui aussi développé son drone de combat furtif mais de manière secrète jusqu’à ce qu’une photo soit publiée par un blog français (!). Ce drone, le RQ-170 Sentinel (photo en fin d’article), a défrayé la chronique en décembre 2011 puisque c’est lui qui a été capturé par l’armée iranienne lors d’un survol non autorisé. On sait très peu de chose sur l’engin, mis a part qu’une vingtaine auraient été construits et qu’un de ces drones aurait été utilisé lors de l’opération US visant à capturer/tuer Oussama Ben Laden au Pakistan.

Des efforts semblables sont entrepris en europe via deux programmes : le nEUROn (en vidéo lors de son premier vol le 1 décembre 2012), mené par Dassault Aviation et le Taranis du britannique BAe Systems qui devrait faire son premier vol cette année. Ces drones ne sont pour l’instant que des démonstrateurs technologiques destinés à préparer la relève des flottes aériennes européenne (rafale, eurofighter, gripen). Le nEUROn sera testé dans des configurations de combat prochainement (détection, la localisation, et la reconnaissance autonome de cibles au sol sans être détecté, la séparation d’un armement air-sol à partir d’une soute interne …). Les russes possède aussi leur propre programme bien que leur retard soit conséquent dans ce domaine ( les russes achètes en parti leur drones aux israéliens). Leur drone, le MiG Skat, est en développement depuis au moins 2007 et n’a toujours pas réalisé son premier vol. Les chinois aussi mènent des projets dans ce domaine (comme le WZ-2000) bien qu’il soit plus difficile de savoir exactement leur état d’avancement. Il est sûrement prématuré de parler aujourd’hui de la fin des avions de chasse classiques mais la proportion de drones dans les armées de l’air modernes est certainement vouée à augmenter dans les futures années.

Rq_170